Selon les définitions connues, la méditation est une pratique où un individu utilise une technique, pour entraîner son mental. Une courte définition pourrait être : être présent ici et maintenant !
La science elle en dit quoi ?
De plus en plus d’études scientifiques s’intéressent au sujet.
Toutes sont unanimes, la méditation a de nombreux bienfaits. On évoque notamment : réduction du stress, état de mieux-être, développement de la concentration, de la mémoire, de la capacité à prendre des décisions, arrêt des addictions, amélioration de l’état de santé du système cardiovasculaire, du système immunitaire, du sommeil, amélioration des relations à soi et aux autres, réduction des émotions négatives, diminution des douleurs physiques…
La méditation est puissante à tout niveau car elle influence la neuroplasticité de notre cerveau. C’est à dire, la capacité que notre cerveau a pour changer et s’adapter au fil du temps.
“Lorsque nous pratiquons la méditation, nous envoyons le message à notre cerveau que nous sommes plus efficaces dans les tâches quotidiennes lorsque nous sommes conscients, observateurs, non réactifs et sans jugement”
L’épigénétique montre aussi désormais que le pouvoir de la pensée peut modifier nos gènes.
Alors on fait comment ?
Rassurons nous tout de suite, tout le monde est capable de méditer.
Il s’agit d’un entrainement, au départ comme tout entraînement c’est pas facile ! Il faut juste persévérer.
D’abord pour méditer il faut être assis. Vous pouvez vous asseoir sur une chaise ou sur le sol. Le principal à se rappeler pour trouver la bonne posture est qu’il faut être stable et confortable. Garder le dos et la tête droite pour laisser l’énergie de la colonne circuler jusqu’au sommet de la tête. La position assise est utile pour éviter de s’endormir. Les exercices physiques – asana – et respiratoires – pranayama – aident grandement à méditer car ils permettent d’être plus à l’aise dans la posture assise et améliorent la concentration. Quand on débute la méditation on peut dans un premier temps apprendre à se relaxer en étant allongé si la position assise demande trop d’effort.
Méditation de pleine conscience, méditation transcendantale (MT), Vipassana ou Zazen sont des techniques différentes qui peuvent être utilisées pour apprendre à méditer. Pour entrer en méditation, on peut s’aider de notre concentration : on focalise notre attention sur un seul point excluant tous les éléments extérieurs. Ou encore sur notre ouverture : on observe sans jugement ce qu’il se passe dans notre corps, sans se sentir impacté par les observations de nos sens.
Mon expérience Vipassana
J’ai commencé la méditation Vipassana dans un monastère bouddhiste en Thaïlande. Après avoir voyagé presque un an avec Matt nous avions décidé de terminer notre périple par une retraite silencieuse. Nous avions trop parlé… faut dire, un peu de calme ça fait pas de mal hein? Mais ça, c’était le premier jour de retraite et il en restait encore neuf, et tout ça sans ouvrir la bouche. Je vous le dis : le calme c’est bien mais le trop calme c’est dur !!!
La première règle au monastère c’était : suivre les règles ! Et des règles il y en avait pour tout. Ne pas parler, pas de distractions – aucun livre, montre, musique -, deux repas par jour, pas de confort c’est-à-dire pas de dossier aux chaises, pas de matelas, pas de coussin pour dormir, pas d’ablutions dénudé, pas de plaisirs sensuels, interdiction de réveil à 4am et coucher 9pm, une tâche quotidienne a effectuer pour le collectif et interdiction de tuer tout être-vivant… Même aux toilettes il y avait une note à suivre pour s’essuyer c’est dire à quel point la règle était PARTOUT.
Un début difficile
Au début pour moi, c’était l’enfer. Bizarrement j’avais choisi d’être ici mais je me suis rapidement dit que ma curiosité m’avait poussé directement en prison. Voir une centaine de personne marcher sans but, le regard parfois vide c’était quand même dingue quand j’y repense. Matt était côté homme et moi côté femme, donc on se croisait à peine au cours de la journée.
Les trois premiers jours étaient douloureusement intenses pour ne rien vous cacher ! C’est maintenant que je pratique asana que je comprends l’utilité d’entraîner le dos à rester assis des heures durant. Du matin au soir nous restions la majorité de notre temps assis en tailleur, le dos bien droit.
Une des règles qui me paraissait carrément facile à suivre au départ c’était : ne pas tuer d’être vivant sous aucun prétexte! Sauf que, petite novice de la Thaïlande que j’étais, je n’avais absolument pas pensé aux milliers de moustiques présents en cette période de pluie sous des températures avoisinant les 30°. Autrement dit, être assis ok passe encore. Mais être assis sous 100 moustiques qui me tournent autour pour me sucer le sang NON ! Et dans ma tête, à ce moment là des milliers d’excuses me sont venues : roh aller, un insecte c’est pas vraiment un être vivant important si ? Il fait parti de la chaine alimentaire, étant donné que je suis plus grande que lui, je peux peut être…
Bref mon mental tentait carrément de me pousser au meurtre.
Le déclic
Aussi étrange que cela puisse paraître, après que ma tête m’ait bien attiré dans mes retranchements, le quatrième jour fut un havre de paix. Une découverte incroyable, d’abord en terme de position. J’avais enfin trouvé LA position pour m’assoir de manière stable et confortable. Mais aussi une découverte sur mon souffle qui me mettait dans un état de calme incroyable dès que j’en prenais le contrôle. J’arrivais à voir à l’intérieur de moi. C’était tellement fou que j’en était même un peu addict… qui eût cru que j’aurais même fait des heures sup de méditation dans ce monastère : clairement pas moi !!!
Passé ce déblocage, j’eus même des sortes de révélations sur des sujets de ma vie qui m’avais toujours perturbé : ma relation à moi même, aux autres, mon job, mon futur, mon passé… J’observais chaque pensée allant et venant dans mon mental et j’étais capable de la traiter sans jugement. Autrement dit j’avais une clarté d’esprit sur ces pensées qui revenaient sans cesse me parasiter. Je comprenais la raison pour laquelle elles apparaissaient et la solution à mettre en place pour les faire cesser.
Les jours qui suivirent furent tout aussi riches de découvertes. Amour et Paix.
Petit secret
Avouez, vous voulez des scoops sur mes infractions aux règles hein ?
D’abord promettez moi de ne jamais le répéter aux moines, des fois qu’on nous envoie vraiment en prison Thaï pour non respect du règlement… Je plaisante bien sûr ! Primo on avait un point de rencontre secret avec Matt, on ne se parlait pas mais le fait de s’asseoir côte-à-côte me faisait du bien dans les moments douloureux. Deuxio j’avais une charmante copine qui se faufilait sous ma porte de chambre le soir. Que dis-je, chambre ? Cellule serait plus juste… Cette coquine de grenouille devait se sentir bien dans mon espace et moi j’en profitais pour lui raconter mes victoires et mes échecs de la journée. Je pense que si un psychiatre m’avait observé dans ces moments, pour sûr je finissais en hôpital psy direct !
Explication
La prison que j’imaginais être dans ce monastère était en fait en moi. La souffrance que je ressentais n’était pas liée qu’à ces circonstances difficiles. En vérité je me suis rendue compte que même à la maison je ressentais déjà ces sensations. Mais dans ces moments là je tuais la racine du mal par une distraction. Je partais voir des amies, je regardais un film ou je mangeais un bon plat par exemple. La seule différence majeure était qu’ici j’affrontais ma souffrance en pleine face. J’ai donc enfin compris l’objectif de toutes ces règles qui n’était pas pour nous agacer mais plutôt pour nous obliger à nous y confronter.
Mon bilan sur le sujet
Comme le dit la science, la méditation apporte de nombreux bénéfices dans nos vies. Mais ce que je voudrais ajouter de part cette expérience est que ce n’est pas toujours facile d’affronter la vérité en face et qu’il ne faut pas croire que la méditation est toujours agréable et plaisante. Comme le jour et la nuit dans une journée, il y a aussi la lumière et l’obscurité en nous. Méditer c’est accepter ces deux versants de la vie qui font partis de nous.
Depuis cette expérience je ne cesse de continuer à explorer. Je vous assure que malgré des débuts douloureux ça finit par devenir naturellement bon d’être en soi, même quelques instants.